Les principales idées et concepts… ci-dessous.
Halte à la performance
Notre principale habitude aujourd’hui, c’est le contrôle et l’optimisation. Nos choix, nos décisions, nos convictions sont guidés par l’idée d’une performance nécessairement positive.
Nous sommes devenus une civilisation de l’optimisation généralisée.
Autojustification
L’injonction de performance confine à l’absurde dans l’expression «objectif de croissance»(anti bien être)
La croissance donne l’illusion de l’abondance, alors qu’elle crée la pénurie.
Réductionnisme
puisque nous ne pouvons pas régler tous les problèmes du monde en même temps, nous les réduisons pour pouvoir les «gérer».
Optimiser fragilise !
Effets rebonds
Les gains d’efficiences permettent des économies à court terme, mais l’attractivité qui en découle induit la prolifération des usages. Le paradoxe de Jevons.
Destruction sociale
Miser sur les gains de performance incite à favoriser les gains de productivité
La dégradation des services publiques est une conséquence de l’injonction de performance, notamment financière.
Aliénation
Sans contact humain à terme, nous sommes en train de créer une dépendance totale au digital pour les soins et les services sociaux de base.
La performance des machines a atrophié notre relation à notre habitat de façon plurielle.
Guerres
Si la performance nourrit la guerre, la guerre est aussi, réciproquement, le carburant de la performance.
Destruction des écosystèmes
Nos gains de performance ont un coût caché. Nous avons optimisé notre environnement pour le mettre au service de nos demandes, et non de nos besoins.
Plus nous fragilisons les écosystèmes, plus nous découvrons les services essentiels qu’ils nous fournissent.
Les impasses du développement durable
Le développement durable se réduit trop souvent à une bonne conscience écologique, en écho à l’oxymore d’une croissance verte.
Selon Meadows, il y a deux façons de réagir à une déficience perçue. L’une consiste à s’efforcer d’obtenir plus, l’autre à se satisfaire de moins. La voie de la sobriété.
Il est évident qu’une sobriété forte devra s’imposer d’abord aux plus riches.
Il va falloir embarquer tous les citoyens dans un monde contraire : basculer du «toujours plus» vers «moins mais mieux».
Ni le développement durable ni la sobriété ne questionnent frontalement l‘injonction de performance.
L’adaptation : un futur obsolète
Un mot : fluctuation
Il va falloir apprendre à vivre en perdant le contrôle, en lâchant prise. Nous quittons donc le Néolithique.
Si tout change tout ale temps, notre seule certitude certitude, c’est le maintien et l’amplification de l’incertitude. S’adapter ne sert à rien dans un monde fluctuant. C’est même une impasse qui mène à des futurs obsolètes.
Quand on est très adaptable, on ne peut aller très vite, parce que de nombreuses ressources sont utilisées pour maintenir des compétences inutiles à court terme mais potentiellement utiles à plus long terme.
Le monde stable appelle l’adaptation ; le monde instable, l’adaptabilité.
Le jeu de clés du vivant
Le vivant n’a pas servit de modèle pour notre sociétés. C’est plutôt le fonctionnement de nos sociétés qui a biaisé notre vision du vivant.
Le vivant, un système robuste
l’hétérogénéité
Les êtres vivants ne sont pas sélectionnés sur leurs performances ; ils sont d’abord sélectionnés sur leur niveau de robustesse, c’est à dire la capacité à se maintenir stable (sur le court terme) et viable (sur le long terme) malgré les fluctuations.
La performance, définie comme la somme de l’efficacité et de l’efficience, réduit le champ des possibles, en limitant les options, par essence.
La robustesse crée des chemins alternatifs dans un environnement imprévisible.
Habiter le monde fluctuant
La robustesse comme réponse opérationnelle aux fluctuations sociales, financières, sanitaires, écologiques, énergétiques ou géopolitiques va devenir l’ère qui s’ouvre.
Depuis la Néolithique, le progrès de l’humanité a été guidé par les gains de performances d’abord. La sur-optimisation qui en découle a fragilisé les sociétés humaines et les écosystèmes.
La robustesse avant la sobriété
Donner le primat à la robustesse, construire contre la performance par essence, permet non-seulement d’habiter le monde fluctuant qui vient, mais garantit aussi aux projets de développement durable, de sobriété ou de décroissance, de ne pas tomber dans le piège du «solutionnisme» performant.
La robustesse est le premier filtre pour sélectionner les solutions les plus pertinentes dans un monde fluctuant.
Le primat donné à la robustesse est pragmatique (faire face à un monde fluctuant), opérationnel (faire émerger la sobriété et la durabilité) et plus engageant (répondre à la volonté de durer plutôt que la nécessité de réduire)
Entre dans la société de la robustesse fondée sur la richesse et la diversité des liens.La robustesse construite contre la performance nous invite à une inversion totale de notre modèle social, économique et culturel, dans tous les secteurs.
Trouver les questions d’abord
Donner le primat à l’efficacité empêche la perplexité, qui est pourtant «le début de la connaissance».
Dans le monde de la performance, on va trop vite vers la solution sans remettre en cause la pertinence des questions. «C’est ce que je fais qui m’apprend ce que je cherche»
Produire pour nourrir les écosystèmes
En jouant sur l’hétérogénéité des variétés dans le champ que les paysans peuvent rendre la production plus stable, au prix d’un rendement un peu plus faible.
Il s’agit de passer des extractions aux interactions. C’est la production qui nourrit les écosystèmes.
La circularité avant l’efficience
En basculant vers la robustesse, nous donnerons le primat à la circularité.
Une sobriété fonctionnelle, grâce à la circularité, c’est-à-dire un réseau d’interactions qui crée les conditions dans lesquelles le gâchis n’est plus un problème.
Une économie de l’usage contre la propriété
La propriété s’est inversée, on ne demande plus ce que l’on possède, mais ce qui nous possède. Nous basculons d’une économie de la propriété vers une économie de l’usage.
Le low-tech citoyens
La pensée réductionniste associée à la performance est toujours paresseuse : la vision est étroite et les externalités négatives sont volontairement ignorées.
Dans un monde de la robustesse, on utilise des matériaux moins performants, mais adaptables et transformables facilement.
Des lors, le citoyen peut facilement réparer ou adapter son habitat.
Innover contre la performance
La robustesse promeut la multiplication des compétences locales, jusqu’à hybrider svoirs anciens et modernes.
La recherche non pas appliquée, mais impliquée.
Recarboner l’économie
Entre circularité et innovations robustes, il nous faudra bien gérer et surtout régénérer les ressources naturelles.
Dans un monde stable, les innovations sont extractivistes : on utilise de la mati¨ère pour gagner du temps. Dans un monde instable, en pénuries plurielles, tout s’inverse : on exploite le temps long pour tout régénérer et vivre à stock de ressources constant.
On utilise plus la matière pour stocker le temps mais le temps pour préserver la matière.
Faire commun : relier grâce aux contradictions
Le contrat social est fondé sur de nombreuses contre-performances, et notamment sur des processus fondamentalement incohérents.
Construire la robustesse sociale sur les contradictions internes.C’est la condition de l’équilibre.
Travailler moins pour vivre mieux
Il ne s’agit plus de travailler plus pour gagner plus, il faut surtout travailler moins pour vivre mieux.
Dans le monde de la robustesse, il faut travailler moins pour vivre mieux. Le travail devient un lieu d’épanouissement collectif. Alors que la compétition isole, encourage la paresse intellectuelle vers le raccourcissement et finalement désengage sur le long terme, coopérer crée le sentiment d’appartenance et engage dans le durée.
Le travail devient un lieu assumé d’épanouissement collectif. Alors que la compétition isole, encourage à la paresse intellectuelle alors que coopérer crée le sentiment d’appartenance et engage dans la durée.
Le basculement vers la robustesse sociale grâce au salaire à vie pourrait devenir une nécessité critique pour les besoins primaires de la société.
La santé commune comme levier économique
Dans un monde de la robustesse, les idées ne sont pas bridées par le modèle économique, mais par la santé commune. Un projet robuste doit alimenter la santé humaine (mental et physique), la santé sociale et la santé des milieux naturels, sans exception.
Un projet une fois construit doit passer un teste de robustesse et alors il produit un modèle économique. IL s’agit d’une voie pur mettre l’économie au service du bien-être des citoyens, mais aussi d’une voix intime, pour faire entrer les questions socio-écologiques, souvent distantes, dans notre propre corps. On économise plus pour survivre mais notre vie construit une nouvelle économie.
Devancer le long terme
Dans un monde fluctuant, l’avenir ne se prévoit plus; il se prépare. Plus d’adaptation mais une adaptabilité. Vivre avec…
Dans le monde de robustesse, il ne s’agit plus de contrôler. La perspective d’un monde fluctuant s’applique d’abord à soi-même: on accepte surtout de passer le relais. Le sens de la vie tourne autour de l’idée de transmission.
La robustesse implique de mettre en avant des rencontres, de l’éducation et de la culture, les vaisseaux de la transmission.
L’école: se dépasser avec l’aide des autres
Dans le monde de la robustesse, l’école est principalement un lieu de formation à la coopération.Ce sont les élèves qui cherchent eux même, parfois en équipe, l’information.
On se construit d’abord sur ses ponts faibles, parce qu’ils éveillent et incitent aux échanges.
Conclusion
L’inverse de l’ébriété n’est pas la sobriété, c’est la robustesse. Placer la sobriété avant la robustesse, c’est prendre le risque de poursuivre l’injonction de performance dans le questionner, et finalement continuer sur la voie de l’optimisation généralisée du monde.
Placer l’agilité avant l’adaptabilité relève du même risque.
Il s’agit d’une inversion fondamentale et totale de notre civilisation:
La robustesse crée les conditions auxquelles on en tombe pas
Durer mobilise certainement plus que réduire
Le rôle de l’État dans le monde de robustesse est crucial: il ne dicte plus un agenda en top-down, mais reconnaît, stimule et met en réseau les différentes initiatives locales
Antoine – le 23 juin 2024
juillet 2024