Un homme annonce qu’il arrêtera l’alcool en 2050!

Réflexions sur la SOBRIÉTÉ

Passer de l’ébriété de consommation à la sobriété.

La sobriété se définit comme une démarche volontaire et organisée de réduction des consommations d’énergie et des ressources naturelles par des changements de mode de vie, de pratiques, de valeurs, de normes, de comportements et de stratégie d’organisation collective.

Elle amène à réévaluer nos usages et nos besoins en énergie et matériels, mais aussi nos imaginaires, la culture de l’énergie de nos sociétés et nos formes d’organisation individuelles et collectives.

Différents types de sobriété:

  1. La sobriété énergétique: consommer juste, en limitant le gaspillage et en évitant la surconsommation. L’efficacité en gardant une attention sur l’effet rebond! (j’économise donc je dépense ailleurs…)

  2. La sobriété matérielle: s’interroger sur notre rapport à la propriété! Limiter l’usage de bien matériels qui fait appel à des matières premières ou des matériaux neufs. (Penser à recycler)

  3. La sobriété structurelle: aménagement du territoire, favoriser la ville des courtes distances, restreindre les déplacements individuels, limiter le béton et les constructions (routes et bâtiments)

La sobriété en 6 axes transversaux!

  1. SURABONDANCE                  suffisance matérielle

  2. CENTRALISATION                  relocalisation (commerces, énergies, etc.)

  3. PROPRIÉTÉ                             services partagés (voiture, outils, lieux de travail, etc.)

  4. TRAVAIL SALARIÉ                  activité gratuite

  5. CULTE DE LA VITESSE          mobilité économe

  6. ARTIFICATION                       adéquation nature-culture

1: SUFFISANCE MATÉRIELLE

Changer la frénésie consumériste liée à l’évolution culturelle et aux incitations à la consommation entretenue par la culture de l’obsolescence et du renouvellement permanent par:

  • L’auto-limitation: dé-consommer volontairement, privilégier l’être à l’avoir en favorisant l’acquisition de ressources immatérielles comme la connaissance, le savoir-faire, la solidarité!

  • Le développement de réseaux de réparations, d’échanges et de dons: afin de diminuer l’usage de l’énergie et des matières entrant dans la fabrication des produits.

  • Les achats en vrac et l’achat de la quantité juste: éviter le tout emballé pour l’alimentation et pour les médicaments.

  • Un règlement strict sur la durée de vie des produits: pour obliger les entreprises à fabriquer des objets réparables, avec des pièces de rechange. (Changer une batterie d’un PC portable)

  • Favoriser l’auto-fabrication et la réparation: autonomiser l’individu plutôt que de l’enfermer dans des techniques industrielles, création d’ateliers collaboratifs, etc.

  • Réglementer les volumes d’emballages: la réinstauration de l’usage de la consigne pour le réemploi et l’instauration de la consigne pour le recyclage

  • Inciter à la moindre consommation: Par l’étiquetage énergétique de chaque produit, pas uniquement ceux qui consomment de l’énergie, mais aussi l’énergie grise de leur fabrication. Fixer par exemple un prix évolutif de consommation des produits de première nécessité (eau ou électricité…) Définir un usage par palier: normal / utile / confort avec des prix adaptés

  • Limiter les incitations à la consommation par une réduction de la place de la publicité dans l’espace public et privé: impacte des supports de pub sur l’énergie (papier, prospectus, écran lumineux).

  • Interdire la promotion de produits néfastes pour le climat (comme c’est le cas pour le tabac) notamment dans le secteur de l’aéronaval, de l’automobile ou des transports et des énergies fossiles.

     

2: RELOCALISER

  • En finir avec le modèle de la grande distribution au profit des circuits courts de proximité qui favorisent la culture et la distribution de produit locaux, de saison, avec un bilan environnemental meilleur.

  • Desservir les villes par un maillage de transport collectif et encourager le report modal vers le vélo ou la marche.

  • Développer le tiers lieu (co-working) et les espaces collaboratifs. Soit: créer des espaces d’échange et sociaux pour réduire la consommation d’énergie et les émissions de GES liés au déplacement tout en permettant le partage et le développement communautaire.

  • Développer les monnaies locales et complémentaires

3: SERVICE PARTAGE

Actuellement, la propriété individuelle est assimilée à la réussite sociale, à la liberté de consommer et de posséder. Il est nécessaire d’envisager:

  • La mise à disposition de produits économes, durables et réparables.

  • La mobilité partagée: le covoiturage, l’autopartage et les services de véhicules en libre-service.

  • La mise à disposition d’espaces de production alimentaire collectifs, de jardins partagés, etc.

  • Le développement de structures d’approvisionnement alimentaire collectif et les commerces de quartiers.

  • La consommation collaborative par le partage de biens matériels et de savoirs.

  • Le développement des habitats partagés et la cohabitation

  • L’augmentation de la part d’achats mutualisés pour le bâtiment, le chauffage, les rénovations

4: DÉPASSER LE SALARIAT ET CHANGER LES AXES DE L’ÉDUCATION SCOLAIRE

Le modèle capitaliste érige le travail en valeur d’émancipation et son organisation repose sur le salariat et le formatage scolaire. Imaginer la sobriété dans une transition du modèle salarial vers l’autonomie et l’autoproduction.

Réorienter les axes scolaires pour amener les jeunes à une prise de conscience de l’état de la planète et de l’urgence climatique à travers chaque cours, enseignement et expérience sociale, sportive ou culturelle. (Plan Climat Cantonal de l’éducation)

5: EN FINIR AVEC LA CULTURE DE LA VITESSE

La vitesse synonyme de progrès! La vitesse n’est pas l’apanage d’une sobriété de consommation.

  • La société de la lenteur, avec un rythme à valoriser contre les méfaits chronophages de notre société moderne.

  • Cultiver le plaisir du temps… Le ralentissement se traduit par exemple par le développement du tourisme local, d’une diminution des distances de déplacement et de la taille des véhicules. Les trains de nuit…

6: RÉORIENTER NOTRE RAPPORT A LA NATURE

Inverser ce besoin du contrôle de la nature, de la domination et de la reconnaissance de l’«infériorité» de celle-ci vis-à-vis de l’humain. Une vision anthropocentriste associée à l’étalement urbain, l’usage intensif de produits chimiques de synthèse en agriculture, dans les cosmétiques et dans l’alimentation.

  • Les actions concertées de sobriété visent à optimiser l’utilisation des ressources biologiques, énergétiques et des matières premières.

  • Avoir une réflexion critique pour arriver à combiner le low-tech et le high-tech afin de partager les biens de la nature sans les spolier.

Rechercher une sobriété heureuse, s’ouvrir aux autres plutôt que d’aller vers l’individualisme et le repli sur soi.

Inspiré du livre «petit traité de sobriété énergétique» de Barbara Nicoloso (ass. Virage énergie) éd. Charles Léopold Mayer

février 2022