URGENCE

Extrait : Texte issu d’un interview de Julia Steinberger, professeure à l’Université de Lausanne et codirectrice académique du centre de recherche CLIMACT. Elle est l’une des auteures principales de ce dernier rapport du GIEC.

«On oppose souvent l’action climatique à la croissance, mais qui est vraiment prêt à renoncer à son confort de vie dans un pays comme la Suisse?

Absolument, car les émissions doivent baisser de façon globale, on ne peut plus tricher. C’est une façon d’éviter d’agir sur ses propres émissions et ce n’est plus viable.

Ce n’est pas à moi de dire à la Suisse ce qu’elle doit faire, mais les stratégies sont les mêmes pour tous les pays: miser sur le renouvelable, électrifier les transports, se tourner vers la mobilité douce, transformer les villes, aller vers la sobriété thermique des bâtiments, une alimentation saine et durable principalement basée sur les plantes, etc.…

Il faut que ce soit accompagné et basé sur des processus participatifs pour montrer les bienfaits d’une alimentation plus équilibrée pour la santé et la biodiversité. Je sais qu’on touche là à quelque chose de profond, de culturel, mais si nos traditions sont en train de nous mener vers un avenir où l’approvisionnement alimentaire global n’est plus assuré, à quoi sert cette culture?

Nous avons des deuils et des espoirs collectifs à faire dans ces transformations, et on doit en prendre conscience ensemble. C’est une question de protection collective, et pas de moralisation des modes de vie. Souvent, les gens sont d’accord de changer quand c’est leur médecin qui le leur dit. Or les scientifiques essaient aujourd’hui d’être ces médecins, mais de façon globale.»

Je suis un thérapeute et j’essaie de soulager et de soigner les personnes qui consultent. Mais devant les changements climatiques et la tumeur (GES) qui grandit sur la terre, il faut que nous nous y mettions tous, ensemble, en agissant dans le bon sens, en oubliant nos privilèges de sociétés riches et en construisant un avenir différent, emprunt de sobriété et de partage, libéré de l’égoïsme et du compter sur les autres. Soyons les acteurs de notre futur.

avril 2022